L'URSS comptait sur l'armée tchécoslovaque pour conquérir Lyon
PRAGUE, 17 sept 2007 (AFP) - L'armée tchécoslovaque a été chargée par l'URSS de conquérir Lyon en une semaine dans le cadre d'un plan d'offensive "anti-impérialiste" élaborée pendant la guerre froide et resté lettre morte, selon un ouvrage publié à Prague par l'historien Petr Lunak.Publié par les éditions pragoises "Dokoran" ("Grand Ouvert"), "Planification de l'impensable/Projets de guerre tchécoslovaques 1950-1990" offre une vue d'ensemble des plans de guerre tirés des archives militaires et conçus entre la prise de pouvoir par les communistes à Prague en 1948 et la "révolution de velours" qui marqua la chute du régime en 1989.
Ces archives montrent que Moscou avait envisagé d'employer ses armes nucléaires sur le territoire des pays occidentaux au cas où la "guerre froide" qui opposait les blocs Est-Ouest aurait dégénéré en conflit ouvert.
A l'origine, les premiers projets militaires pilotés par le pouvoir soviétique en liaison avec ses pays satellites, dont l'ancienne Tchécoslovaquie, étaient axés sur la défense, l'objectif étant de déplacer un conflit éventuel sur le territoire de l'"ennemi" occidental, souligne Petr Lunak.
A la charnière des années 1950 et 1960, la stratégie militaire se modifie du fait du développement des armes nucléaires et de la crispation générée par la construction du mur de Berlin: Moscou développe dès lors des plans offensifs pour occuper l'Europe occidentale.
Aux termes d'un plan d'opération daté du 14 octobre 1964, "approuvé par le président (tchécoslovaque d'alors) Antonin Novotny, le 'Front tchécoslovaque' devait en cas de guerre pénétrer immédiatement en RFA (Allemagne de l'ouest) afin d'opérer dans les sept-huit jours sur le territoire français, à proximité de Besançon, puis de continuer en direction de Lyon", selon les archives étudiées par Petr Lunak.
"Dans les projets soviétiques, un rôle ambitieux et difficile à réaliser incombait à l'armée tchécoslovaque: vaincre les armées occidentales dans le sud de l'Allemagne de l'Ouest afin d'opérer au bout d'une semaine près de la frontière française", résume l'ouvrage.
En dépit d'une détente relative des années 1960, ces plans sont restés valables jusqu'à la "perestroïka" du dernier dirigeant communiste soviétique Mikhaïl Gorbatchev, qui accéda au Kremlin en 1985.
("Planification de l'impensable/Projets de guerre tchécoslovaques 1950-1990) ("Planovani nemyslitelneho/Ceskoslovenske valecne plany 1950-1990". Editions Dokoran. 440 pages. 350 couronnes - 12,75 euros).